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APRÈS LA FIN DU MONDE

histoire, mais de bien courte durée ; car, si ce mouvement de translation venait à cesser, la Terre tomberait dans le Soleil et perdrait son existence propre. Arrêtée tout d’un coup, elle tomberait en ligne droite vers le Soleil, avec une vitesse croissante qui la précipiterait sur lui en soixante-cinq jours ; arrêtée graduellement, elle tomberait en spirale et viendrait après un temps plus long s’évanouir dans l’astre central.

L’histoire entière de la vie terrestre est là devant nos yeux, elle a son commencement et sa fin : sa durée, quel que soit le nombre des siècles qui la composent, est précédée par une éternité, suivie par une éternité, de telle sorte qu’elle ne représente, en définitive, qu’un instant perdu dans l’infini, une vague imperceptible sur l’immense océan des âges.

Longtemps après que la Terre eut cessé d’être le séjour de la vie, les mondes gigantesques de Jupiter et de Saturne, arrivés plus lentement de la phase solaire à la phase planétaire, régnèrent à leur tour au sein du système solaire, dans le rayonnement d’une vitalité incomparablement supérieure à toute l’histoire organique de notre globe. Mais pour eux aussi les jours de la vieillesse arrivèrent, et eux aussi descendirent dans la nuit du tombeau.