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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/149

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LA PLANÈTE MARS.
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dans le voisinage du terminateur en ce moment. Ces dépressions du bord du terminateur peuvent être facilement expliquées par de véritables dépressions de la surface de la planète : nous pourrions constater une différence d’élévation de la surface de deux milles (un peu plus de 3km), à la condition que l’élévation ou la dépression soit sur le terminateur. Peut-être sommes-nous à la veille de construire une carte orographique de la planète. Mais ces observations sont très difficiles, et l’on ne doit pas s’attendre à une grande précision.

On peut, semble-t-il, tirer la conclusion suivante :

Du moment que ces dépressions du terminateur ne se montrent pas toujours aux parties les plus sombres des régions foncées, et comme différentes portions de ces cavités sont creusées à des profondeurs différentes, lorsqu’elles se trouvent sur le terminateur, il s’ensuit que toutes les parties des régions grises ne sont pas au même niveau. En d’autres termes, il y a des collines et des vallées, et, par suite, les régions foncées ne représentent pas une surface d’océan.

C’est là une conclusion d’une haute gravité. Enregistrons-la. Mais ne l’adoptons que lorsqu’elle sera bien démontrée, ce qui ne tardera peut-être pas. On voit, d’autre part, d’après ces observations, que les saisons n’amènent pas chaque année les mêmes aspects, et que sur cette planète comme sur la nôtre les années se suivent et ne se ressemblent pas.

clxxvii.Observations faites à l’observatoire Lick.

M. W. Campbell, astronome à cet Observatoire, dont il est aujourd’hui Directeur, a publié en 1894[1] une étude sur les photographies prises par M. Holden, alors Directeur, en 1890 et 1892.

On sait que le bord du disque de Mars est considérablement plus lumineux que l’intérieur du disque. Le contraste avec le fond noir du ciel doit jouer un grand rôle dans cette appréciation.

En général, les taches disparaissent avant d’arriver au bord.

Les photographies ont une grande valeur pour juger cet éclat relatif, parce qu’elles ne sont pas affectées comme l’œil par l’entourage. Voici l’étude de M. Campbell à ce sujet :

Trois séries de photographies ont été prises : 1o avec la plaque au foyer du grand objectif, donnant de très petites images ; 2o avec une lentille intermédiaire grossissant environ 5 fois, et 3° avec une lentille grossissant près de 8 fois.

Lorsque Mars est voisin de son opposition, les photographies nous montrent que son contour est bien plus clair que ses régions centrales. Mais l’éclat est loin d’être uniforme. Lorsque des régions sombres se trouvent au bord du disque, le

  1. Publications of the Astronomical Society of the Pacific, vol. VI, p. 139.