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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/150

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OBSERVATOIRE LICK.

limbe est seulement légèrement illuminé en ces endroits. Lorsque, au contraire, ce sont des régions claires, ces parties du limbe deviennent tout aussi brillantes que les calottes polaires. L’éclat de la périphérie est donc très irrégulier, et varie selon la nature des régions qui y passent.

Lorsque Mars est voisin de son opposition, le bord est nuancé de tons variés, et il en est de même du terminateur, sur une plus petite échelle.

Lorsque Mars se trouve loin de son opposition, de sorte que le terminateur est évident et que la planète paraît gibbeuse, le limbe est brillant comme dans les cas précédents, mais le terminateur ne l’est pas, se montrant très irrégulier de contour, et plus rapproché du centre qu’il ne devrait l’être théoriquement, ainsi qu’il arrive dans les photographies lunaires.

Les photographies montrent les principaux détails de la planète très distinctement.

On a dit que l’accroissement d’éclat vers le limbe de Mars est produit par l’atmosphère de la planète. Il me semble que les irrégularités et les variations d’éclat du limbe rendent cette hypothèse insoutenable. Si l’effet avait une cause entièrement atmosphérique, nous devrions voir le limbe uniformément illuminé.

Plusieurs astronomes ont attribué cet accroissement d’éclat vers les bords à des nuages du matin et du soir. Si cela était correct, le limbe ne devrait pas être rendu plus clair lorsque l’angle de Mars entre le Soleil et la Terre est assez grand. Quelques-unes de nos photographies ont été prises lorsque cet angle était de 37°,5, le 31 mai 1892. Nous devions avoir alors les nuages du matin complètement cachés de nous par la planète. Cependant les photographies ne montrent pas de diminution appréciable dans l’éclat ordinaire du limbe. L’albedo très faible de la planète est encore une objection à l’hypothèse des nuages.

Les photographies montrent d’une manière concluante que le limbe est rendu lumineux par les détails mêmes de la planète, les plus brillantes régions donnant les bords les plus brillants. On retrouve le même effet sur la Lune ; le limbe est plus brillant que l’intérieur, parce que les régions montagneuses réfléchissent mieux la lumière que les surfaces planes ; au limbe, les montagnes forment le fond réfléchissant visible tout entier, les plaines basses et les vallées disparaissant par l’obliquité. Je crois que nous devons chercher une explication analogue pour Mars, bien que, comme d’autres l’ont signalé, toutes choses égales d’ailleurs, des montagnes très escarpées seraient nécessaires.

L’importance de faire une série de photographies à exposition courte en combinaison avec d’autres observations de la planète est donc manifeste.

Le même astronome a publié en 1894 plusieurs dessins pris par lui en 1892. Nous choisissons parmi ces dessins ceux des 18 et 20 juillet dont il vient d’être question (p. 140) à propos de la disparition en 1894 du Détroit de Pandore, si marqué, si évident en 1892. Ces dessins sont pour nous,