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JANSSEN, HUGGINS. L’ATMOSPHÈRE DE MARS.

Mars que j’ai faite en 1867 sur l’Etna[1], peu de temps après la découverte du spectre de la vapeur d’eau.

En effet, ces observations ont été faites à une grande altitude et pendant des nuits très froides, c’est-à-dire que les rayons réfléchis par la planète Mars n’avaient à traverser que des parties de notre atmosphère très rares et presque entièrement dépouillées de vapeur d’eau. En outre, l’examen porta sur les groupes aqueux de la partie la moins réfrangible du spectre, pour laquelle les groupes se produisent avec une très faible quantité de vapeur. J’ajoute que, dans ces observations sur les atmosphères planétaires dont la découverte des raies telluriques et de leur signification nous ouvrait le champ, je me suis toujours préoccupé de l’état hygrométrique de l’atmosphère terrestre, de la hauteur de l’astre et des effets qui pouvaient en résulter.

Les expériences que j’avais faites à l’usine de la Villette sur les rapports qui existent entre l’intensité des groupes de raies du spectre de la vapeur d’eau et la longueur et la densité des colonnes de vapeur qui leur donnent naissance m’avaient fourni les bases de cette connaissance.

Je suis donc, comme je viens de le dire, conduit à maintenir les conclusions de mes observations. Je les ai reprises à Meudon depuis deux années, avec le télescope de 1 mètre d’ouverture de l’Observatoire ; elles seront continuées avec notre grand équatorial, dans des conditions plus décisives encore, je l’espère, et j’aurai l’honneur d’en entretenir la Société.

M. Huggins a répondu de son côté[2] :

clxxxii.Huggins. — Sur le Spectre de Mars.

Le professeur Campbell est dans l’erreur en supposant que les précautions n’ont pas été prises pour éliminer les effets de la présence de la vapeur d’eau dans notre atmosphère. En 1867, j’ai observé la Lune en même temps que Mars. À propos des lignes faibles vues des deux côtés de la ligne D, et qui paraissaient indiquer des gaz ou vapeurs terrestres dans l’atmosphère de la planète, j’ai dit expressément :

« Que ces lignes ne soient pas produites par la partie de l’atmosphère terrestre traversée par la lumière de Mars, c’est ce qui est démontré par l’absence de ces mêmes lignes dans le spectre de la Lune, laquelle, au moment de l’observation, avait une altitude inférieure à celle de Mars. » (Monthly Notices of the Roy. Astr. Soc., t. XXVII, p. 178).

  1. Ce sont précisément ces observations dans l’Himalaya, sur l’Etna, dans les Alpes, qui ont conduit M. Janssen à recommander l’emploi des stations élevées et l’ont déterminé à en établir une au sommet du mont Blanc.
  2. Astronomy and Astrophysics, t. XIII, 1894, p. 771 ; The Observatory, 1891, p. 353.