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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/244

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E.-W. MAUNDER . — LES CANAUX.

vues dans ce colossal instrument. Elles ressemblent pour lui à des paysages vus de très haut, par exemple à la vue dont on jouit du haut du mont Hamilton. Au lieu d’être des surfaces unies, ces « mers » paraissent sillonnées d’innombrables détails impossibles à rendre par le dessin, tons divers provenant des forêts, des vallées, des rochers, des ravins, des prairies. « These views, dit-il, were extremely suggestive and impressive. »

Le plus curieux est que l’éminent observateur déclare n’avoir pu reconnaître un seul canal. « No straight hard sharp lines were seen on the continents, such as have been shown in the average drawings of recent years. »

cciv.E.-W. Maunder. — Les canaux de Mars[1].

L’auteur commence par rappeler qu’il y a dix-sept ans nos connaissances aréographiques semblaient être dans un état des plus satisfaisants, car, avec ses glaces polaires, ses mers et ses nuages, Mars nous offrait l’aspect d’une miniature de la Terre. Cependant, cette quiétude a été complètement dérangée par la découverte des canaux, faite par M. Schiaparelli en 1877. Les résultats de l’astronome italien ont d’abord été révoqués en doute : mais, depuis cette époque, ils ont reçu des confirmations si solides qu’on ne saurait aujourd’hui nier le fait que Mars offre bien l’aspect sous lequel il a été représenté par l’observateur de Milan.

Néanmoins, l’évidence positive n’a pas démoli l’évidence négative, de sorte qu’elles se maintiennent toujours toutes deux. On pourrait donc dresser contre la réalité objective des canaux le réquisitoire suivant :

1o Leur extrême étroitesse, qui approche les limites de la visibilité théorique, même lorsque Mars est à sa distance minimum de la Terre. Ainsi, certains canaux ne mesurent pas plus de 0″,04 ou 0″,05 de largeur ;

2o La distance ne semble pas nuire à la visibilité des lignes. En 1877, l’Indus a été vu le mieux lorsque la planète ne sous-tendait plus que 5″,7 de diamètre ;

3o L’immense différence entre les descriptions des divers observateurs. Lorsque, en 1890, M. Schiaparelli voyait des canaux de 0″,05, MM. Holden et Keeler apercevaient ces lignes comme si elles étaient larges et diffuses. Il ne saurait donc exister de comparaison entre ces deux représentations de formes qui devraient être les mêmes ;

4o La grandeur et la soudaineté des changements remarqués dans le système de canaux et leurs géminations ;

5o Dans le voisinage du bord du disque, on a une tendance à représenter les canaux trop droits ;

  1. Knowledge, novembre 1894 ; Résumé.