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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/245

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LA PLANÈTE MARS.

6o Enfin, on pourrait ajouter que, lorsque les canaux étaient très visibles pour certains observateurs, la planète n’offrait rien de particulier à d’autres astronomes.

Ces divergences sont imputables, en partie, aux différences de calme et de transparence atmosphérique, à la puissance des instruments et à la vue des observateurs. En 1892, par exemple, la mer Érythrée paraissait dépourvue de détails avec de faibles instruments, et parsemée de tons et demi-tons, lorsque les conditions optiques étaient bonnes.

« Ainsi, dans l’Ouvrage sur Mars de Flammarion, on trouve une série de représentations du détroit Herschel II. En premier lieu, par ordre de date, viennent les dessins de Beer et Mædler de 1830, où nous voyons le détroit (fig. 1), non pas comme un détroit, mais comme un chenal en forme de serpent et se terminant par une tache ronde sombre. En 1867, Lockyer (la Planète Mars, p. 195) dessine la tache terminus comme un rectangle. Pendant cette même année, Kaiser donne au bord septentrional de cette tache rectangulaire un aspect estompé, comme s’il soupçonnait la présence des deux « estuaires » (ibid., p. 174). En 1864 (premier dessin de la fig. 2), Dawes résout cette tache en la baie aujourd’hui bien connue sous le nom de Fourchue ou Baie du Méridien. En 1879, Schiaparelli (Flammarion, Mars, p. 336) retrouve les canaux dirigés vers les deux bras de la baie Fourchue. »

Ce sont bien là des différences dues à l’amélioration de la vision. Ces intéressantes comparaisons ont amené M. Maunder à expérimenter sur la visibilité de lignes très fines et de petites taches circulaires. Il a ainsi trouvé, pour sa vue, que la limite de vision d’une tache ronde était de 30″ à 36″ d’arc. Une tache de 20″ était invisible ; une de 40″, distincte. Mais, ce qui est très intéressant, c’est que la limite pour une ligne droite était aussi basse que 7″ ou 8″, 12″ étant facile. De plus, une paire de lignes, dont chacune n’avait que 4″, et dont la distance séparatrice n’était que de 20″, était visible comme une faible ligne simple ; deux lignes, même de 3″, se rencontrant sous un angle très aigu, étaient visibles après que leur séparation eut été diminuée au-dessous de 25″. Dans chaque cas, l’objet était incontestablement distingué et paraissait comme une ligue ou un point ; il n’était, certes, pas défini, de façon à montrer réellement sa véritable forme.

D’autre part, un chapelet, composé de points de 20″ chacun, disposés irrégulièrement le long d’une droite, la distance moyenne entre deux points étant trois fois supérieure au diamètre de l’un d’eux, le chapelet, disons-nous, a été facilement vu comme une ligne droite continue, tandis qu’un double chapelet de points plus petits, chacun de 4″ de diamètre, et les chapelets étant distants de 40″, a été aperçu comme une faible ligne continue.

Ces expériences paraissent à M. Maunder avoir une application directe aux changements observés sur Mars.

« Si ce que nous voyons, dit-il, n’est pas la structure réelle détaillée de la