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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/30

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ma mère

en exercice né à Montigny. Que son fils fût curé, puis évêque, peut-être, c’était la plus grande gloire qu’elle pouvait rêver, position respectée de tous et d’une situation sûre. C’était aussi une garantie assez logique pour l’éternité future, car le paradis, l’enfer et le purgatoire étaient pour elle d’incontestables articles de foi, et jusqu’à sa dernière heure elle a vécu dans cette conviction.

Dès l’âge de cinq ans, elle m’emmena avec elle à la messe et aux vêpres, tous les dimanches, sans exception, et je fus placé, non avec le commun des fidèles, mais à côté du curé, puis ensuite, je servis la messe régulièrement, non seulement le dimanche, mais encore à toutes les cérémonies, mariages ou enterrements. Nous verrons bientôt que je ne tardai pas à apprendre le latin.

N’ai-je pas parlé tout à l’heure de mon premier voyage, fait à l’âge de six ans ? Mes parents avaient un cousin très proche, M. Collin, vétérinaire à Montigny, qui m’avait pris en affection ; sa femme et lui me considéraient un peu comme leur enfant. Une charmante fille devait leur naître, plus tard ; mais, déjà mariés depuis longtemps, ils ne comptaient plus sur les joies de la famille et m’avaient en quelque sorte adopté. On avait décidé que, puisque j’étais le premier de ma classe et avais reçu « la croix d’honneur », on me récompenserait par un voyage de vacances, en une contrée fort pittoresque de la Bourgogne, non loin de Tonnerre.

Le frère de M. Collin était curé d’un gracieux village du département de l’Yonne, de Saint-Vinnemer, assis au versant sud de la colline de Tanlay, sur les bords du canal de Bourgogne et de l’Armançon : et