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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/32

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voyage en bourgogne

était superbe ! Que d’oiseaux ! Que de fleurs ! Que de papillons ! Et quels parfums, surtout lorsqu’on traversait les bois !

Nous arrivâmes à Chaumont vers midi. C’est la première ville que je voyais, et ce qui me frappa dès l’entrée, ce sont ses pavés, qui faisaient un tapage retentissant sous les pas du cheval et les roues du cabriolet ! J’étais tout heureux de me trouver au chef-lieu du département, avec préfecture, tribunal, lycée, et tout ce qui s’en suit. Mes yeux ne se lassaient pas de regarder chaque maison, chaque porte, chaque fenêtre. Mais nous entrons, avec la voiture, dans une grande cour. C’était la demeure d’un collègue de mon cousin, le vétérinaire de Chaumont. Je crois me souvenir qu’il s’appelait Lemoine. On ne tarda pas à se mettre à table, et l’on vanta mes succès, ma croix, mes livres, car j’avais déjà une bibliothèque d’au moins vingt volumes.

— Ah ! tu as une bibliothèque, mon petit frisé ! fit notre hôte, eh bien, je t’en félicite, et avant de prendre ta soupe, je vais te faire l’honneur de te montrer la mienne. Viens avec moi.

Il allume une chandelle et, à mon grand étonnement, me fait descendre un escalier. (Nous étions au rez-de-chaussée.)

— C’est drôle, me disais-je, de ne pas avoir ses livres auprès de lui.

Il me conduit à la cave. Mon cousin nous avait suivis.

— Tiens ! la voilà, fit-il, ma bibliothèque, en me montrant d’un geste noble et grandiose une série de rayons meublés régulièrement de bouteilles innombrables. Voici notre bourgogne ; voici le bordeaux ; là du champagne ; ici des liqueurs eau-de-vie de