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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/35

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mémoires d’un astronome

rivière et j’émis la proposition de remonter cette rivière jusqu’à sa source.

On me répondit que c’était trop loin et pas du tout sur notre chemin. Le déjeuner au restaurant me parut merveilleux. C’était bien meilleur qu’à Montigny. C’est la première fois que je mangeai des figues fraîches, et je leur trouvai un suc délicieux. Comme tout est bon hors de chez soi, et que le voyage de la vie est exquis, lorsqu’on n’a rien vu et qu’on ne sait rien !

On se remit en voiture sans retard, car il s’agissait d’arriver à destination avant la fin du jour. Sous l’illumination d’un ardent soleil, nous traversâmes les sites pittoresques de la Côte-d’Or, pour arriver au département de l’Yonne et à Ancy-le-Franc, et là, nous pensions toucher le but. À la sortie de ce village, célèbre par son château historique, une bifurcation de route nous engagea à demander notre chemin à des moissonneurs.

— En avons-nous encore pour longtemps ? ajoutâmes-nous.

— Oh ! non, répliquèrent-ils, une petite demi-heure.

Cette demi-heure passée, comme nous n’apercevions pas du tout le clocher de Saint-Vinnemer et commencions à sentir de légers tiraillements d’estomac, nous renouvelâmes la même question à un paysan rencontré sur la route :

— En avons-nous encore pour longtemps ?

— Oh ! non, une petite demi-heure.

Cette seconde demi-heure passée, nous n’arrivions toujours pas, et nous renouvelâmes la question.