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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/38

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les chemins de fer

Au lieu de mettre douze heures pour aller de Paris à Rouen, on y arrive en moins de deux heures, et au lieu de dix jours pour Lyon, on y arrive en dix heures. Au lieu de treize voyageurs par départ, c’est par centaines qu’on les compte.

Le nombre des voyageurs, en France seulement, est maintenant de 434 millions par an, et les recettes totales des diverses compagnies s’élèvent à 1 milliard 515 millions.

On peut dire qu’il n’y a aucune comparaison possible entre les voyages actuels et ceux qui précédèrent les chemins de fer. Cette invention a radicalement renouvelé la face du monde. Cependant, personne ne s’est douté de la transformation prodigieuse que la vapeur allait opérer. Dans son discours de 1838 à la Chambre des députés, Arago lui-même n’a-t-il pas déclaré que le transit diminuerait plutôt, et que deux tringles de fer posées de Paris à Bordeaux ne changeraient pas grand’chose aux habitudes !

C’est là une petite image du Progrès. Et nous devions profiter de la circonstance pour la ressusciter un instant.

Que dirions-nous aujourd’hui des aréoplanes !

Nous voici donc arrivés au but de notre voyage.

L’abbé Collin était un petit homme d’une quarantaine d’années, se tenant droit comme un i pour ne pas perdre un pouce de sa taille, les yeux noirs, vifs, pétillants de malice, le crâne à peu près chauve, ne portant jamais de chapeau, recevant le soleil et la pluie sur la tête et sur la soutane, se consacrant aux