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Page:Flammarion - Mémoires biographiques et philosophiques d'un astronome, 1912.djvu/62

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grands-pères et grand’mères

On me faisait aussi cueillir sur la montagne des plantes parfumées qui auraient pu former les premières pages d’une intéressante instruction botanique, science qui est loin d’être devenue populaire, comme elle le mériterait.

Les fleurs sauvages donnent au miel des abeilles de la montagne un arôme particulier ; un cousin de mon grand-père avait une vingtaine de ruches dont il prétendait que les abeilles le connaissaient toutes. Le fait est qu’il jouait avec les essaims comme avec des tourbillons inoffensifs, et qu’il me fit observer un jour le départ d’une reine avec toute sa colonie sans craindre pour moi aucune piqûre.

Existe-t-il sur la terre des êtres plus adorables pour les enfants qu’un grand-père et une grand’mère ? Ils vous admirent sans cesse, vous choient, vous contemplent, vous font sauter sur leurs genoux, vous chantent de belles chansons, vous racontent des histoires épouvantables, vous mettent sur leurs épaules pour vous grandir, vous tiennent par la main dans les mauvais pas, vous couchent avec précaution dans un lit bien bordé, vous donnent des friandises au dessert. Pour eux, vous avez toujours raison, et les espiègleries les plus folles sont pardonnées d’avance. On n’est jamais grondé. C’est qu’ils n’ont pas, comme les parents, le souci de l’avenir de ces chers petits êtres. C’est