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DE GUSTAVE FLAUBERT.

à la Neuville voir cet ami intime à moi, dont je t’ai parlé et qui est revenu d’Italie. C’est encore une amitié qui me quitte. Il est marié et, partant, absent de moi, quoi qu’il en dise. C’est toute une histoire sans faits, mais nourrie, que celle-là. À quelque jour peut-être j’écrirai mes confessions. Ce sera drôle, mais peu amusant ! Actuellement je n’en aurais pas le talent, et jamais peut-être n’en aurai-je le cœur. Adieu, je t’embrasse sur tes yeux qui, quoi que tu prétendes, sont jolis quand tu as pleuré. Puisqu’il me reste encore un peu de place, je t’embrasse une fois de plus. L’histoire de M. D. m’intéresse assez. Ce sont ces choses-là qu’il faut étudier quand on veut faire du roman. Le difficile est de les reproduire vraies, sans charge.


175. À LA MÊME.
Entièrement inédite.
Lundi, 11 heures du soir. [7 décembre 1846.]

Qu’as-tu donc, ma pauvre amie ? Pas de nouvelles de toi, pas de lettres ! C’est bien dur ! T’ai-je dit dans mon dernier envoi quelque chose de méchant ? Pardonne-le. Je souffre souvent et beaucoup ; dans ces moments-là, je suis aigre, âcre. J’ai beau rentrer en moi le plus possible mes douleurs ; elles sortent quelques fois et déchirent ceux que je presse dans mes bras.

Je t’aime bien, va ; je t’aime encore, beaucoup, toujours. Ton souvenir a pour moi une douceur charmante où ma pensée se berce, comme un