les élèves de mon banc étaient émus du boucan que je faisais. J’ai commencé par dire que je me distinguais par ma haine des prêtres et, à chaque classe, c’est une nouvelle répétition. J’invente sur le compte de l’abbé Eudes et de Julien les plus grosses et absurdes cochonneries ; le pauvre dévot en a la gueule bouleversée ; l’autre jour il en suait.
Je t’ai dit, je crois, que j’étais fort occupé et tu m’as fait là-dessus des demandes auxquelles je serais bien embarrassé de répondre. Ce qu’il [y] a de sûr, maintenant, et aujourd’hui principalement, c’est que je m’emmerde dans la perfection. Depuis 7 à 8 jours, je n’ai le cœur de travailler à quoi que ce soit. Tu sais que l’homme a ainsi parfois des moments étranges de lassitude. La vie est si pesante que ceux-mêmes pour qui le fardeau doit être le moins lourd en sont souvent accablés ! Il y a bientôt une semaine que j’ai laissé de côté les études historiques, et pour quoi faire ? Que sais-je ? rien du tout. À peine si j’ai le courage de fumer. J’ai le cœur rempli d’un grand ennui. Chose étrange ! et il y a quinze jours j’étais dans le meilleur état du monde.
Ce changement tient peut-être au genre d’œuvre dont je m’occupais il y a quelque temps. Je ne sais si je t’ai dit que je faisais un mystère[1] : c’est
- ↑ Smarb, voir Œuvres de jeunesse inédites, II, p. 8.