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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Prends garde de perdre, ou d’égarer même, le discours. Où tu es, ça pourrait avoir des inconvénients. Faut-il t’envoyer la lettre à Mme d’Aunet ici, ou attendre que tu sois à Paris ?


429. À LOUISE COLET.

En partie inédite.

[Croisset] Lundi soir, minuit [26 septembre 1853].

Ci-inclus une lettre du Crocodile pour sa dulcinée.

Pourquoi donc n’as-tu pas été franche avec moi, bonne chère Louise ? C’est mal ! Si Babinet ou Leconte étaient en position de t’aider n’aurais-tu pas recours à eux ? Pourquoi cette exception à l’encontre d’un plus ami ? Je n’avais pas d’argent ; j’en eusse eu. Pour toi je vendrais jusqu’à ma chemise, tu le sais bien, ou plutôt, nous nous mettrions sous la même. En ces matières, du reste, j’ai toujours l’air d’un plat bourgeois et d’une canaille. Je suis tranquillement à me chauffer les pieds à un grand feu, dans une robe de soie, et en ce qu’on peut appeler (à la rigueur) un château, tandis que tant de braves gens qui me valent, et plus, sont à tirer le diable par la queue avec leurs pauvres mains d’anges ! J’ai enfin de quoi ne pas m’inquiéter de mon dîner, chose immense et que j’appréciais peu jadis, alors que plein de fantaisies luxueuses j’en voulais jouir dans la vie. Mais je leur ai à toutes donné congé. Je fuis ces idées-là comme malsaines. Elles sont au fond