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DE GUSTAVE FLAUBERT.

(celle de publier toutes ses poésies en un seul volume). Cela m’agrée par sa franchise et sa crânerie. Il est grand, ce garçon-là (Leconte) et je le crois aussi incapable d’une bassesse que d’une banalité !

Adieu, mille tendres baisers. Dans cinq ou six jours je serai arrivé à mon point. J’attendrai ensuite Bouilhet pour partir. Je crois que c’est au milieu de l’autre semaine. Je couve un rhume, le nez me pique. Encore à toi.

Ton G.

437. À LOUISE COLET.

Entièrement inédite.

Jeudi 3 novembre 1853, midi.

Quel galant que ce Crocodile ! Je commence à être inquiet. Heureusement que l’Océan nous sépare ! Badinguet me rassure. Comme son hymne est piètre ! La mienne a dû lui arriver aujourd’hui.

Tu as dû recevoir une lettre de Bouilhet t’annonçant notre arrivée pour dans huit jours. Jeudi prochain, à cette heure-ci, je me mettrai en marche pour aller vers toi. Avec quel plaisir je te reverrai, pauvre chère Louise !

Je refais et rabote mes comices, que je laisse à leur point. Depuis lundi je crois leur avoir donné beaucoup de mouvement et je ne suis peut-être pas loin de l’effet. Mais quelles tortures ce polisson de passage m’aura fait subir ! Je fais des sacrifices de détail qui me font pleurer, mais enfin il le faut ! Quand on aime trop le style, on risque