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CORRESPONDANCE

que je suis obligé de parler anglais, et je le parle tant bien que mal. Il y a à Carthage un ministre anglais qui fait des fouilles. J’ai été chez lui plusieurs fois. Ni lui ni personne de sa famille ne dit un mot de français, ce qui n’empêche pas que nous nous entendions très bien. Ils m’avaient invité pour aujourd’hui à dîner et à coucher chez eux, mais j’ai une autre excursion plus intéressante à faire.

Je n’ai pas encore tiré un seul coup de fusil ni de pistolet, mais un de mes compagnons a tiré trois grands flamants sur le lac de Tunis. Ce sont des oiseaux semblables à des cygnes et qui ont les ailes roses et noires. Il y en a ici par milliers, et rien n’est plus joli que de les voir s’envoler au soleil quand on tire un coup de fusil sur eux.

Dans un mois je serai de retour auprès de vous et nous causerons de tout cela. Ta bonne maman m’écrit que tu ne fais pas grand’chose. Tâche cependant d’avoir recopié sur un beau cahier tes rédactions d’histoire du moyen âge et d’avoir un peu appris des dates.

Avec quel plaisir je reverrai ta bonne petite mine, dont je m’ennuie beaucoup, quoique mon voyage m’amuse extrêmement.

Embrasse ta bonne maman pour moi et soigne-la bien.

Ton vieux bonhomme d’oncle.

Surveille le ménage.

Ordonne que l’on nettoie bien mon cabinet. A-t-on retourné le tapis et arrangé mes portières ?

Fais mes amitiés à Narcisse.

Dis à ta bonne maman qu’elle m’écrive main-