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DE GUSTAVE FLAUBERT.

par aucun de ces messieurs). Enfin il m’embête au suprême degré, ton docteur, c’est l’éternel docteur de tous les livres et de toutes les pièces. À quoi est-il utile ? Qu’amène-t-il ?

Comment ? Tu ne sens pas qu’à partir de la page 181, tous ces personnages-là sont légers comme des rhinocéros, qu’ils parlent pour ne rien dire et que c’est trop nature ? « Je vous attends aux preuves. » — « Il ne s’agit pas de cela. » — « Pauvre maman ! Comme on l’attaque ! » — « Très bien, merci et passons. » — « Cette discussion n’est pas possible. » — « Halte-là ! »

Et quelle sermonneuse que cette Louise ! Tu me la gâtes à plaisir. C’est ici une bas-bleu corsée. Quelles expressions : « La mélancolie indéfinissable de la solitude. » « Je ne demande même pas à la nature des sujets d’étude. » « Je t’adore comme la révélation de Dieu » ! et du haut de ces échasses nous tombons, tout à plat, sur des berquineries ratées.

Oh ! non, tout cela n’est pas heureux. La comparaison de Dieu au chien, ou plutôt du chien à Dieu m’a révolté, et il fallait que le docteur (présent à ces belles choses) fût bien brave homme puisqu’il pleurait, car ils pleuraient tous à un pareil récit.

Si tu tiens à cela, c’est à refaire en entier (mais on connaissait Louise tout aussi bien auparavant).

Je reviens au fameux docteur (dont le contact a gâté cette pauvre Louise). Il appelle des chasseurs « des Nemrod ! », cela est du Prud’homme tout pur, « la foule ignorante qui végète », « il est plus sain de vivre ici (à la campagne) qu’à Paris ». Ton docteur est un âne. Il y a tout autant de ma-