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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Continues-tu à faire les délices des salons de Rouen en général et de celui de M. le Préfet en particulier ? Ledit préfet m’a l’air ravi de ta personne. Il me semble que tu te dégrades un peu, à tant fréquenter mes immondes compatriotes. Et les lectures sérieuses, et Montaigne, les fortes études et le dessin ! Que devient tout cela au milieu d’une vie si folâtre ?

Je te remercie des beaux détails que tu m’as envoyés sur la noce de Valentine, qui m’a l’air un peu enfoncée dans la galuchetterie[1]. Je ne puis te rendre la pareille, ne sachant aucune facétie. Le commerce des arts m’occupe exclusivement. Je suis perdu au milieu des vieux journaux et des marchands de tableaux. Demain et les jours suivants, j’ai rendez-vous avec plusieurs d’entre eux. Rien n’est plus difficile que les renseignements dont j’ai besoin. J’étudie en même temps l’histoire de la gravure. La copie est interrompue par ces occupations ; j’espère la reprendre dans une huitaine de jours. Aujourd’hui, je dîne chez Mme Husson[2] avec Tourgueneff, Taine et Du Camp.

Demain je dînerai chez cette bonne Caroline Laurent[3], où je n’ai mis encore les pieds qu’une fois.

Je ménage mes courses pour ménager les voitures ; quant à sortir à pied par le temps qu’il fait,

  1. Galuchetterie, substantif fait du surnom de « Mme Galuchet », donné par Flaubert à sa nièce. Mme Galuchet était le type de la bourgeoise capable, qui aide son mari dans ses affaires, et s’attire ainsi l’estime des commerçants.
  2. Une cousine issue de germains.
  3. Amie de Maxime Du Camp, surnommée par ses intimes « le Mouton » ; elle avait une maison agréable où Flaubert allait volontiers.