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DE GUSTAVE FLAUBERT.

822. À EDMOND ET JULES DE GONCOURT.
[Croisset] nuit de lundi [octobre 1865].

Je n’ai donc pas répondu à votre lettre du 29 septembre où vous m’annonciez vos embêtements dans la Maison de Molière, car je la retrouve sur ma table, à l’instant même !

Cette nouvelle m’a plus contrarié qu’étonné. Je connais les cabots ! Monseigneur, à qui j’ai conté la chose, en a profité pour re-rugir contre eux.

Mais comment ça se fait-il, tonnerre de dieu ! Est-ce que vous ne serez pas joués cet hiver ?

La Princesse m’a écrit une très aimable lettre où elle me dit qu’elle vous aime beaucoup. Je vous [sic, pour lui] ai répondu qu’on ne pouvait plus mal placer sa confiance et que vous étiez deux canailles. La vérité avant tout.

Autre histoire : la même lettre, qui a bien une quinzaine de jours de date, m’annonçait l’envoi de l’aquarelle promise. Or, pas d’aquarelle ! Pourquoi ? Est-elle perdue au chemin de fer ? Je n’ose écrire à la Princesse. Dites-moi ce qui en est, vous serez bien aimables.

Je continue à travailler comme un homme et il se pourrait que j’aie fini ma première partie au commencement de janvier. Alors, j’ornerais immédiatement la capitale de ma présence.

Il m’ennuie de ne pas avoir de nouvelles de Théo et encore bien plus, mes chers bons vieux, de ne pas vous voir.

Mais je vous embrasse très fort, comme je vous aime.