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DE GUSTAVE FLAUBERT.

844. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, mardi soir [10 avril 1866].
Mon pauvre Loulou,

Il me semble que je suis en retard dans ma correspondance ; je t’en fais mes excuses. Comment vas-tu ? As-tu retrouvé tout à fait ta bonne mine, et repris tes petites habitudes ? Comment se portent la gravure, la musique et le père Montaigne ? Donnes-tu toujours des soirées du grand monde ?

Quant à moi, je suis repris par les clous. Depuis hier j’ai un cataplasme sur la main gauche (je ne sais pas comment je ferai pour aller dîner demain chez le père Cloquet), j’en souffre même, assez fortement, ce soir. Ce n’est pas faute, cependant, de me soigner ! Je prends beaucoup de bains et m’abreuve de boissons amères. C’est samedi que je serai témoin du mariage de Judith Gautier. Triste histoire.

J’ai reçu une lettre de Mme de La Chaussée, écrite soi-disant sans que son mari en sache rien, pour me prier de faire nommer son époux chef de bataillon. C’est un mystère. Quand je lui répondrai, je dois écrire à Mme Vasse. Tu peux lui dire, de ma part, qu’elle demande là une chose très difficile. Mme Cornu a été deux ans avant de faire nommer un chef de bataillon. L’Empereur renvoie la demande dans les bureaux, et c’est comme si on n’avait rien fait du tout. Je tiens beaucoup, cependant, à obliger Cora ; mais franchement, je doute du succès !