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DE GUSTAVE FLAUBERT.

regardent pas de si près à se dépenser. Il faut rire et pleurer, aimer, travailler, jouir et souffrir, enfin vibrer autant que possible dans toute son étendue.

Voilà, je crois, le vrai humain.


879. À MADEMOISELLE AMÉLIE BOSQUET.
[Croisset] nuit de mercredi [novembre 1866].
Ma chère amie,

Si je ne vous avais pas remerciée encore de votre Femme bien élevée, c’est que j’ai voulu la relire. Eh bien, savez-vous mon opinion très sincère ? Ça m’a paru meilleur que la première fois.

Il aurait fallu très peu pour faire de ce livre un chef-d’œuvre. Les longues scènes manquent, voilà tout.

Quant aux caractères, je vous assure qu’ils sont excellents. C’est étudié et bien fait. Bref, j’ai été très content.

Faites donc une large distribution d’exemplaires, tâchez qu’on vous lise, et on vous applaudira.

Quant à moi, j’aurais tant de choses à vous dire sur mon travail que je ne vous en dirai rien. Je ne suis pas pour le moment dans une veine heureuse, je barbote et me ronge.

Il est d’ailleurs quatre heures du matin, je suis éreinté. Il me reste cependant assez de forces pour vous embrasser. (Je crois même que cette idée-là m’en redonne).