Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 5.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
320
CORRESPONDANCE

930. À MADEMOISELLE AMÉLIE BOSQUET.
Croisset, mardi soir [septembre 1867].
Ma chère Amie,

Si je n’avais pas pour votre esprit beaucoup d’estime et pour votre personne beaucoup d’affection, je vous dirais tout simplement que Jacqueline de Vardon est un chef-d’œuvre, au lieu de vous envoyer l’abominable lettre que vous allez lire. Rassurez-vous cependant ; je pense de votre roman beaucoup de bien ; par places, il y a des choses excellentes, mais je blâme radicalement sa conduite, et je trouve que vous vous lâchez beaucoup sous le rapport de l’écriture. Vous étiez plus sévère autrefois, quand vous lisiez de meilleure littérature et que vous n’imprimiez pas. Il me semble que Paris vous perd.

Je commence !

Et d’abord pourquoi la première description, celle des environs de Jumièges, description qui n’a aucune influence sur aucun des personnages du livre, et qui est mangée, d’ailleurs, par une autre qui vient immédiatement, celle de Rouen ? Celle-la est magistrale en soi, et excellente parce qu’elle est utile. On ne sait pas qui sont les deux femmes en scène, ni qui est ce M. Louis, ni qui est Mlle Vardon. Comment voulez-vous alors qu’on s’intéresse à elle ? Puis ça s’arrête brusquement et nous sommes transportés dans un autre pays, à Rouen.

Quant au style, je trouve dans le premier paragraphe deux relatifs se régissant : « qui embrasse