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DE GUSTAVE FLAUBERT.

990. À JULES DUPLAN.
[Croisset.] nuit de jeudi [fin août-septembre 1868].
Cher Vieux,

Voici la chose.

Je raconte, ou plutôt une cocotte de mon bouquin raconte son enfance. Elle était fille d’ouvriers à Lyon. J’aurais besoin de détails sur l’intérieur d’iceux.

1o Trace-moi, en quelques lignes, l’intérieur d’un ménage d’ouvriers lyonnais ;

2o Les canuts (qui sont, je crois, les ouvriers en soie) ne travaillent-ils pas dans des appartements très bas de plafond ?

3o Dans leur propre domicile ?

4o Les enfants travaillent-ils aussi ?

Je trouve ceci dans mes notes : le tisserand du métier à la Jacquard reçoit sans cesse dans l’estomac le contre-coup des mouvements du balancier par l’ensouple sur lequel l’étoffe s’enroule à mesure qu’elle avance.

5o C’est l’ensouple qui donne des coups ? Rends-moi la phrase plus claire.

Bref, je veux faire en quatre lignes un tableau d’intérieur d’ouvrier pour contraster avec un autre qui vient après, celui du dépucelage de notre héroïne dans un endroit luxueux…