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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 5.djvu/413

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DE GUSTAVE FLAUBERT.

des femmes, ô vous qui êtes du troisième sexe ? Est-ce qu’elles ne sont pas, comme a dit Proudhon, « la désolation du juste » ? Depuis quand peuvent-elles se passer de chimères ? Après l’amour, la dévotion ; c’est dans l’ordre. Dorine n’a plus d’hommes, elle prend le bon Dieu. Voilà tout.

Ils sont rares ceux qui n’ont pas besoin de surnaturel. La philosophie sera toujours le partage des aristocrates. Vous avez beau engraisser le bétail humain, lui donner de la litière jusqu’au ventre et même dorer son écurie, il restera brute, quoi qu’on dise. Tout le progrès qu’on peut espérer, c’est de rendre la brute un peu moins méchante. Mais quant à hausser les idées de la masse, à lui donner une conception de Dieu plus large et partant moins humaine, j’en doute, j’en doute.

Je lis maintenant un honnête homme de livre (fait par un de mes amis, un magistrat) sur la Révolution dans le département de l’Eure. C’est plein de textes écrits par des bourgeois de l’époque, de simples particuliers de petite ville. Eh bien, je vous assure qu’il y en a peu maintenant de cette force-là ! Ils étaient lettrés et braves, pleins de bons sens, d’idées et de générosité !

Le néo-catholicisme d’une part et le socialisme de l’autre ont abêti la France. Tout se meurt entre l’Immaculée-Conception et les gamelles ouvrières.

Je vous ai dit que je ne flattais pas les démocrates dans mon bouquin. Mais je vous réponds que les conservateurs ne sont pas ménagés. J’écris maintenant trois pages sur les abominations de la