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CORRESPONDANCE

Savez-vous qu’à votre dernier voyage nous avons eu deux séances qui me sont restées non pas sur, mais dans le cœur ? Il me semble que nous avons été plus intimes qu’à l’ordinaire ; il y a eu… je ne sais quoi. Mais quelque chose de très bon, de fort et d’attendri en même temps… et comme une étreinte douce. Je vous aime beaucoup quand vous ne riez pas.

Pensez à moi, écrivez-moi. Je baise votre front plein de littérature, et les deux côtés de votre col ; cela est dans un autre ordre d’idées, mais vous savez que [je] vous chéris de toutes les façons.

À vous donc.


745. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, dimanche soir, 7 heures
[26 octobre 1862].
Ma chère Carolo,

Je ne me suis point encore acquitté de votre commission relativement à un maître de clavecin, par la bonne raison que, depuis bientôt un mois, j’ai pris l’air deux fois, une fois pour aller prendre un bain et une autre pour aller à l’imprimerie ; car j’ai été non pas bien malade, mais bien embêté par tous mes maux, qui ont été nombreux et variés ; j’ai passé toute la semaine dernière dans mon lit, tellement abîmé de rhumatismes que je ne pouvais faire un mouvement sans crier. C’est, Dieu merci, passé, mais Godard m’a défendu de sortir par le temps pluvieux qu’il fait. Après-demain il faut pourtant, coûte que coûte, que je me fasse voiturer à l’imprimerie. N’ayant plus de