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DE GUSTAVE FLAUBERT.

une image en saphir. On appelait cette image la Vérité ». C’est ainsi, Monsieur, que « cette Vérité-là est une jolie invention de l’auteur ».

Mais tout vous étonne : le molobathre, que l’on écrit très bien (ne vous en déplaise) malobathre ou malabathre, la poudre d’or que l’on ramasse aujourd’hui, comme autrefois, sur le rivage de Carthage, les oreilles des éléphants peintes en bleu, les hommes qui se barbouillent de vermillon et mangent de la vermine et des singes, les Lydiens en robes de femme, les escarboucles des lynx, les mandragores qui sont dans Hippocrate, la chaînette des chevilles qui est dans le Cantique des Cantiques (Cahen, tome XVI, 37), et les arrosages de silphium, les barbes enveloppées, les lions en croix, etc., tout !

Eh bien ! non, Monsieur, je n’ai point « emprunté tous ces détails aux nègres de la Sénégambie ». Je vous renvoie, pour les éléphants, à l’ouvrage d’Armandi, page 256, et aux autorités qu’il indique, telles que Florus, Diodore, Ammien Marcellin et autres nègres de la Sénégambie.

Quant aux nomades qui mangent des singes, croquent des poux et se barbouillent de vermillon, comme on pourrait « vous demander à quelle source l’auteur a puisé ces précieux renseignements », et que « vous seriez », d’après votre aveu, « très embarrassé de le dire », je vais vous donner, humblement, quelques indications qui faciliteront vos recherches.

« Les Maxies… se peignent le corps avec du vermillon. Les Gysantes se peignent tous avec du vermillon et mangent des singes. Leurs femmes (celles des Adrymachydes), si elles sont mordues