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DE GUSTAVE FLAUBERT

d’Aïssé comme si j’en étais l’auteur, je ne veux pas de ça. Je ne veux pas, entendez-vous, que vous vous gêniez en rien.

Vous croyez que je suis doux comme un mouton ? Détrompez-vous, et faites absolument comme si Aïssé n’existait pas ; et surtout, pas de délicatesse, hein ? ça m’offenserait. Entre simples amis, on se doit des égards et des politesses, mais de vous à moi, ça me semblerait peu convenable ; nous ne nous devons rien du tout que nous aimer.

Je crois que les Directeurs de l’Odéon regretteront Bouilhet de toutes les manières. Je serai moins commode que lui aux répétitions. Je voudrais bien vous lire Aïssé, afin d’en causer un peu ; quelques-uns des acteurs qu’on propose sont, selon moi, impossibles. C’est dur d’avoir affaire à des illettrés !


1052. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, lundi matin. [Août 1869.]

Oui, mon loulou, je trouvais que tu oubliais un peu ton Vieux, ton pauvre ganachon d’oncle qui t’aime tant ! mais je ne t’en voulais pas et ne m’en plaignais pas, n’ayant point l’affection tyrannique. Je t’excusais, d’ailleurs, rejetant tout sur les embarras de ton installation.

Il me tarde de te voir dans ton atelier.

Tu n’imagines pas comme ta grand’mère a été de bonne humeur et en bonne santé, pendant son séjour ici ; on aurait dit qu’elle avait quinze ans