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Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 8.djvu/340

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CORRESPONDANCE

avaient le cocuage, qui est une chose gaie. Les romantiques ont inventé l’adultère, qui est une chose sérieuse. Il serait temps que les naturalistes regardassent cette action comme indifférente.

Toutes mes amitiés à Zola. J’ai bien envie de lire son bouquin[1].


1918. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Croisset, 16 décembre 1879].

Il est bien tard et mon feu s’éteint. N’importe ! Je veux écrire à ma chère fille afin d’avoir d’elle une épître.

Ton mari a dû te donner de mes nouvelles avant-hier, et Tourgueneff m’a promis d’aller te voir aujourd’hui.

Son départ pour la Russie m’attriste beaucoup, car il ne sait quand il reviendra. Il a peur d’avoir dans sa jolie patrie des désagréments politiques, c’est-à-dire d’être colloqué dans ses terres indéfiniment. Nous avons passé ensemble vingt-quatre heures charmantes. Quel brave homme et quel artiste !

Il m’a redonné du cœur pour Bouvard et Pécuchet, ce dont j’ai grand besoin, car, franchement, je tombe sur les bottes, ma pauvre cervelle n’en peut plus ! Il faudra que je me repose ! (depuis tant d’années je travaille sans relâche !) Mais quand sera-ce ? Ma religion n’avance pas. Jamais je ne verrai donc la fin de ce gredin de chapitre qui

  1. Nana.