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CORRESPONDANCE

1684. À SA NIÈCE CAROLINE.
Croisset, 21 juin 1877.
Mon loulou,

Commençons par gémir sur la chaleur, ou plutôt de chaleur ! Comme vous devez en souffrir, et que je vous plains ! Dépêche-toi d’arriver ici, ma chère fille, pour humer la verdure et te reposer.

Hier, j’ai cuydé crever d’étouffement. Monsieur avait pris sans doute trop de moules. Elles n’étaient pas mauvaises, puisque mon nombreux domestique ne s’en est pas aperçu ; mais moi, j’ai été fortement gêné. Aujourd’hui il n’y paraît plus et je pioche Bouvard et Pécuchet. Ma médecine est esquissée. Demain je me mets aux phrases. Ça fera de quatorze à seize pages en tout ; c’est suffisant. Oh ! si ce livre n’est pas assommant, quel livre !

Ce matin, j’ai reçu deux articles élogieux sur les Contes, un dans le XIXe Siècle, et l’autre dans l’Officiel, de Mme Daudet ; de plus, une lettre de félicitations de Du Camp.

Je me réjouis à l’idée d’embrasser mon poulot lundi, vers 5 heures, et j’attends dimanche matin un billet me confirmant cette bonne nouvelle. Voilà tout ce que j’ai à te dire, ma chère fille.

Une seule chose me chiffonne dans votre retour à Croisset : c’est que j’ai peur que vous remettiez indéfiniment votre voyage aux Eaux et que les Eaux ne coulent sans vous, ce qu’il ne faut pas faire.