Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/170

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proue de leur tronc de palmier qui se cabre lorsqu’ils remontent à la surface, ils abordent sur le pont, tout ruisselants d’eau. Ça a l’air de statues de bronze dégouttelant de l’eau des fontaines, que le soleil fait briller sur leurs corps. Les dents des Nubiens sont plus longues, plus larges et plus écartées, la musculature est moins forte que celle des Arabes.

Les rochers semblent être de grands blocs de charbon de terre, morceaux de granit rose ; ailleurs, le granit est veiné comme du marbre.

À midi et demi, nous nous arrêtons au bas des cataractes et nous y passons la nuit dans une petite anse, au milieu des rochers. — Promenade sur les rochers. — Les cataractes sont encloses de collines. Il y en a trois, à gauche ; sur un plan secondaire, une quatrième s’aperçoit entre la deuxième et la troisième. Deux enfants nous accompagnent, l’un petit, tout nu, tête moutonnée, auquel nous avons donné des colliers le matin. — Succès de nos colliers.

À gauche, il y a une grande digue naturelle de sable, c’est le vent qui l’a faite. Nous marchons dans l’ombre qu’elle fait, nous montons dessus. Nous étions tout à l’heure sur son côté Ouest ; quand nous sommes parvenus sur sa crête, nous trouvons tout le côté Est illuminé par le soleil d’une teinte d’or pâle. Nous marchons faisant ébouler le sable qui fuit sous nos pieds comme une onde.

Mardi 12. — Nous partons à 7 heures du matin. La grande voile de la cange passe entre les rochers, qu’elle frise souvent. Vue de terre, avec ses deux voiles dépliées et lorsqu’elle est au repos,