Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/383

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une natte, et, à 2 heures, nous repartons. La route, comme le matin, est presque toujours en vue de la mer. Pendant la première heure, soif ardente, due à la mauvaise eau de Batrun, qui me semble une des plus détestables que j’aie bues en voyage. À 5 heures du soir, arrivés à Djebel, nous campons sous un gourbi, dans un cimetière qui est au milieu du pays ; bêtes et gens se placent alentour. Djebel est entouré de murailles ; je n’ai rien vu, du reste, mon pied me faisait beaucoup souffrir dès que je voulais marcher.

À 1 heure et demie, la lune casse-brillait ; je réveille Maxime, et à 2 heures un quart nous nous mettons en marche, ayant rengainé, pour le dernier jour de la Syrie, mes bottes toutes humides.

De Djebel à Beyrout. — Dans une vallée étroite, seul chemin que l’on puisse prendre pour aller de Beyrout à Tripoli. Tout au milieu, et gardant le passage, un château fort bâti sur un rocher séparé, qui se trouve là comme mis exprès et comme un grand bloc poussé.

La baie de Djorié, à moitié route, s’ouvre tout à coup à gauche, et les montagnes du Liban, que l’on voit de Beyrout, apparaissent tout à coup. Il a l’air de s’y faire beaucoup de commerce, nous y avons vu quantité de chameaux, quelques barques ; on faisait des constructions.

Encore presque au clair de lune, nous avons traversé Nar-Ibrahim, le fleuve d’Adonis, qui tourne entre de grands roseaux. Dans le crépuscule du jour naissant, deux ou trois hommes, à espaces différents, que nous avons vus embusqués, nous paraissaient attendre du gibier humain. Le fleuve d’Adonis m’a semblé de couleur verdâtre