Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/385

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parleur, vous mangeant dans la main, sale monsieur ; son épouse et son enfant, maladifs et laids, toute la santé s’est retirée au papa ; un sheik et son élève, lunettes, pas de barbe, chapeau de paille, air étonné : « est-ce vrai ? » par exemple ; instituteur allemand avec son jeune homme, jeune Russe, blond et rouge ; Courvoisier, jeune Suisse de Bâle, convenable, voyageur en horlogerie, toujours bien brossé et propre d’habits.

Nous passons notre temps, à Beyrout, à faire nos paquets. — Nous dînons trois fois chez Suquet. — Matinée chez Rogier, moins agréable que la première, les dames ayant moins d’entregent et me paraissant d’ailleurs appartenir à une classe de la société moins relevée.

Dimanche, dîner chez M. de Lesparda, avec Artim-bey. — Le Dr Petzalozza et sa ronde petite femme, succès photographiques d’ycelui.

Le mardi 1er, à 4 heures, nous nous embarquons à bord du Stambul, où nous sommes reconduits en canot par le jeune Henri Dantin, commis de Rogier. Tout le côté bâbord des premières est occupé par des Turcs et par un harem, séparé des mâles et dans son box comme des chevaux ; les femmes, blanches, négresses, jeunes, vieilles, sont étalées sur des matelas et des tapis. La pauvre femme du Dr Poyet est aussi là avec son enfant ; j’ai vu peu de choses plus tristes que le chapeau de cette femme, brun, passé, avec quelques fleurs fanées, il était appuyé sur le toit de la chambre à côté des bottines de Monsieur. Celui-ci a donné sa démission et va s’établir à Constantinople ; il nous dit avoir été déjà au service de Méhémet-Ali et du shah de Perse. Il y a à bord le Mâlim du