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Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/207

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unes de mes amies, des femmes intelligentes qui vous plairont. J’espère que vous viendrez de temps a autre bavarder dans ma loge aux Italiens. Si vos après-midi vous pèsent trop, il y a une place en face de moi dans ma voiture pour faire le tour du lac, au Bois. C’est si ennuyeux d’être seule à revoir tous les jours cette éternelle pièce d’eau ! Mais ou aller ? Puisque vous dessinez, il faudra m’apporter, la prochaine fois, vos albums de voyage. Je vous montrerai les miens ; d’avance, je réclame un peu d’indulgence pour mes pauvres aquarelles. Enfin, nous lirons, nous causerons. Nous deviendrons de vrais amis. J’y compte, du moins.

Paul.

Oh ! merci. Vous êtes bonne comme un ange. Voilà les premières marques de sympathie que l’on m’adresse. Qu’ai-je donc fait pour en mériter une si gracieuse ?… À qui la dois-je ?

Madame Kloekher.

Mais à la mémoire de votre père, au désir de mon mari, à votre position, et un peu… à vous-même.

Elle lui tend la main ; Paul la saisit et la baise.
Madame Kloekher, la retirant vivement.

Monsieur !…

Paul.

Pardon ! c’est une faute, je conçois ! L’élan irréfléchi de ma gratitude vous semble une grossièreté.

Madame Kloekher.

N’en parlons plus. Entrons dans le bal. Sortons.

Paul.

Sans m’avoir pardonné ? Au nom du ciel, ne m’en