Page:Flavius Josephe - Leon Blum - Contre Apion, Leroux, Paris, 1902.djvu/104

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ont manifestement eu cette conception de la nature divine [79]. 169 Mais tandis que leur philosophie s’adressa à un petit nombre et qu’ils n’osèrent pas apporter parmi le peuple, enchaîné à d’anciennes opinions, la vérité de leur croyance, notre législateur, en conformant ses actes à ses discours [80], ne persuada pas seulement ses contemporains, mais il mit encore dans l’esprit des générations successives qui devaient descendre d’eux une foi en Dieu innée et immuable. 170 C’est que, en outre, par le caractère de sa législation, tournée vers l’utile, il l’emporta toujours beaucoup sur tous les autres ; il ne fit point de la piété un élément de la vertu, mais de toutes les autres vertus, des éléments de la piété, je veux dire la justice, la tempérance, l’endurance, et la concorde des citoyens dans toutes les affaires [81]. 171 Car toutes nos actions, nos préoccupations et nos discours se rattachent à notre piété envers Dieu. Moïse n’a donc rien omis d’examiner ou de fixer de tout cela. Toute instruction et toute éducation morale peuvent, en effet, se faire de deux manières : par des préceptes qu’on enseigne, ou par la pratique des mœurs. 172 Les autres législateurs ont différé d’opinion et, choisissant chacun celle des deux manières qui leur convenait, ont négligé l’autre [82]. Par exemple, les Lacédémoniens [83] et les Crétois élevaient les citoyens par la pratique, non par des préceptes. D’autre part, les Athéniens et presque tous les autres Grecs prescrivaient par les lois ce qu’il fallait faire ou éviter, mais ne se souciaient point d’en donner l’habitude par l’action.


XVII

Moïse a réuni le précepte et l’application.


173 Notre législateur, lui, a mis tous ses soins à concilier ces deux enseignements [84]. il n’a point laissé sans explication la pratique des mœurs, ni souffert que le texte de la loi fût sans effet ;