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Page:Fleury - Marivaux et le Marivaudage, 1881.djvu/360

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encore la payer ; j'aime mieux la boire. Mais il n'y a que vingt écus. Est-ce trop, Madame Lépine ? ce n'est tant que dix mille.

MADAME LÉPINE

Hélas ! mon enfant, je souhaite que non.

'LA RAMÉE, à Cathos.

Et mon ange, qu'en pense-t-il ? Chacun a son régiment : voilà le mien.

CATHOS

Bon, vingt écus ! avec soixante francs de monnaie, vous en serez quitte.

LA RAMÉE

Eh oui, c'est de la mitraille ! j'aime à vous voir mépriser cette somme-là : cela sent la soubrette de cour, qui ne s'effraye de rien. (Et en s'écriant.) La belle âme que Cathos !

CATHOS

Eh dame ! on est belle âme tout comme une autre.

LA RAMÉE

Je suis si content de votre façon de penser, que je me repens de n'avoir pas bu davantage. Adieu, mes yeux noirs ! je vous rejoins incessamment. Madame Lépine, protégez-moi toujours auprès de ce grand cœur, qui regarde vingt écus comme de la monnaie.

MADAME LÉPINE

Va, va, elle sait ce que tu vaux.


Scène XVI

MADAME LÉPINE, CATHOS


CATHOS

Ah çà, notre chère dame, pendant que nous sommes seules, ouvrons le billet ; vous savez bien que vous m'avez promis de le lire ?

MADAME LÉPINE

Volontiers, Lisette.

CATHOS

Voyons ce qu'il chante.

MADAME LÉPINE lit.

Vantez-vous-en, mignonne : le minois que vous portez est le plus subtil filou que je connaisse ; il lui a suffi de jouer un instant de la prunelle, pour escamoter mon cœur.

CATHOS, riant.

Qu'il est gentil avec cette prunelle qui le filoute ! Il me filoutera aussi, moi !

MADAME LÉPINE, riant.

C'est bien son intention. Mais continuons. (Elle lit.) Il lui a suffi de jouer un instant de la prunelle pour escamoter mon cœur. Ce sont vingt nymphes, de compte fait, qui en mourront de