Aller au contenu

Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

coucheurs, et pas plus francs que les Parisiens.

Ces discussions sur Lorient et Paris étaient interminables entre M. Chabrié et son ami. M. Briet y restait indifférent ; il n’aimait pas le séjour des petites villes et son projet était de se retirer à la campagne. Quant à moi, je me mêlais rarement aux conversations générales : ma position m’obligeait à une réserve de tous les instants et je ne me doutais guère, en partant, de la tâche pénible que je m’imposais en prenant le titre de demoiselle. En effet, il me fallait oublier tout mon passé, mes huit ans de mariage, l’existence de mes enfants, enfin le rôle de dame qui est tout à fait différent de celui de demoiselle. Ayant une extrême franchise, beaucoup de naïveté, souvent entraînée, par la chaleur de l’imagination, dans une conversation animée ; parlant alors avec une telle vitesse que je laisse échapper ma pensée à mesure qu’elle naît et n’en vois le sens complet qu’après l’avoir exprimée, je redoutais cette vivacité de mon organisation et n’osais parler. Je craignais qu’oubliant ma position je ne parlasse, par mégarde, de ma fille ; qu’amenée par les écarts imprévus de conversations dans lesquelles tous les sujets étaient