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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/234

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plusieurs lettres à écrire : toutes ces occupations firent, pour quelques instants, trêve aux chagrins dont mon ame était oppressée. Au milieu de tous mes apprêts de départ j’eus beaucoup de visites : je dus aux embarras du moment l’apparence calme avec laquelle je les reçus. Ces personnes venaient me faire leurs adieux, les unes par affection, le plus grand nombre par curiosité. Le pauvre Chabrié ne pouvait rester en place ; il allait et venait alternativement de la chambre au balcon, craignant que ces visiteurs importuns ne s’aperçussent de son émotion ; de grosses larmes roulaient dans ses yeux ; sa voix était altérée ; il n’osait dire une parole ; sa douleur m’accablait.

Nous étant aperçus que le Léonidas s’apprêtait à lever l’ancre, je congédiai toutes mes visites. Je ne connaissais ces gens-là que depuis peu de temps ; mais nous étions en pays étranger, les uns étaient venus de France avec moi, les autres étaient mes compatriotes, parlaient ma langue et mon cœur se serrait à les voir s’éloigner.

Je restai quelques instants seule avec Chabrié. — Oh ! dit-il, Flora, jurez-moi que vous m’aimez, que vous serez à moi, que je vous reverrai