Français que je rencontrai sur mon chemin avec un sang-froid qui m’étonnait moi-même, et qui provenait de l’état d’étourdissement dans lequel je me trouvais.
Nous étions dans le canot : je gardais le silence et n’étais attentive qu’à maintenir au dedans de moi la douleur qui me dévorait, quand M. David me dit : — Mademoiselle Flora nous allons passer devant le Mexicain. Ne voulez-vous pas dire adieu à ce pauvre Mexicain que vous ne reverrez peut-être plus ? — Ces paroles firent sur moi un effet inconcevable. Il me prit un tremblement subit auquel je fus incapable de résister ; mes dents claquaient. M. David s’en apercevant, je lui dis que j’avais froid ; je craignis un instant de ne pouvoir plus soutenir ma tête.
M. Briet, Fernando, Cesario, tous étaient sur le pont pour me saluer et me dire adieu : je ne pouvais prononcer une parole : — Pourquoi donc nous quittez-vous mademoiselle Flora ? me cria M. Briet. Pauvre demoiselle ! disaient les autres, quel courage il faut qu’elle ait ! Tous répétaient le mot adieu ! il retentissait dans mon cœur déchiré. Je le leur rendis en agitant mon mouchoir. Je baissais la tête, me cachais dans