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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/316

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se fait-il que, jusqu’à présent, j’aie ignoré votre existence ? Je suis resté quatre ans à Paris, seul, sans y avoir une personne amie ; vous habitiez cette ville et Dieu n’a pas permis que je vous rencontrasse. Quelle cruelle pensée ! non, jamais je ne pourrai m’en consoler… J’aimai ce jeune homme dès le premier instant que je le vis. Il est Français de caractère ; il est affable, bon ; et lui aussi a souffert.

Emmanuel me remit une lettre de ma cousine dona Carmen Pierola de Florez, qui représentait mon oncle Pio, et m’invitait, en son nom, à venir descendre chez lui, sa maison étant la seule qu’il me convînt d’habiter. Toute la lettre était sur ce ton ; je vis par son style que j’avais à faire à une femme d’esprit, mais prudente et très politique. Ma cousine m’envoyait, pour m’amener à Aréquipa ; un très beau cheval sur lequel on avait mis une superbe selle anglaise. Elle me faisait remettre, en outre, deux habits d’amazone, des souliers, des gants et quantité d’autres objets dans le cas où, n’ayant pas mes malles avec moi, je pourrais avoir besoin de vêtements. Les trois cavaliers qui accompagnaient mon cousin étaient le señor Arisendi, le señor Rendon et M. Durand, grands amis de ma cousine,