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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/317

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Je causai quelque temps avec ces messieurs, puis les laissai en compagnie du docteur, pour aller faire un tour de promenade avec mon cousin. J’appris par lui que mon arrivée occupait toute la ville, chacun pensant bien que je venais réclamer la succession de mon père. Ce jeune homme me mit au courant du caractère et de la position de mon oncle dont il avait eu, lui aussi, fort à se plaindre, mon oncle ayant refusé, avec une extrême dureté, de payer, pendant trois ans seulement, une pension qui le mît à même d’achever ses études en France. Le père d’Emmanuel avait dissipé une grande fortune et réduit sa famille à la misère. Ma grand’mère était venue au secours des enfants ; elle leur avait laissé une rente viagère qui leur donnait juste de quoi vivre. Mon cousin, avec un affectueux abandon, me conta tous ses chagrins de famille, comme si nous nous fussions connus depuis dix ans. Moi aussi, je sentais que je l’aimais comme s’il eût été mon frère.

Nous voulions partir, parce que ma cousine nous avait fait prévenir qu’elle nous attendait à dîner ; mais nos excellents hôtes me pressèrent avec tant d’instance de faire ce dernier repas