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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/65

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leurs soins. Le lendemain, 10 avril, la mer continuant à être aussi mauvaise, ces messieurs, qui étaient très prudents, jugèrent avec raison devoir garder le pilote, jusqu’à ce que le temps fût assez sûr pour qu’on pût le renvoyer sans danger ; mais près de nous étaient mouillés deux autres bâtiments partis de Bordeaux le même jour pour la même destination, le Charles-Adolphe et le Flétès. Ce dernier, par bravade sans doute, renvoya son pilote et prit le large ; l’autre ne voulut pas rester en arrière, et en fit autant. Ces messieurs du Mexicain commencèrent par blâmer l’imprudence des deux autres navires ; mais, bien qu’ils fussent peu susceptibles de se laisser influencer par l’exemple d’autrui, la crainte de passer pour peureux leur fit abandonner leur première détermination. Vers quatre heures de l’après-midi, ils renvoyèrent le pilote, et nous nous trouvâmes au milieu des vagues courroucées ; comme de hautes montagnes, elles s’élevaient autour de notre navire ; nous n’étions qu’un point sur l’abîme, et la réunion de deux vagues nous y eût ensevelis.

Nous fûmes trois jours avant de pouvoir sortir du golfe, continuellement battus par la tempête, et dans la position la plus critique. Tous