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la pauvre enfant, que l’amour qu’elle inspirait égalait celui qu’elle éprouvait elle-même. L’Espagnol la demanda en mariage : la mère accueillit sa demande ; mais, craignant que sa fille ne fût trop jeune encore, elle voulut que le mariage ne se fit que dans un an. Cet Espagnol, comme presque tous les Européens qui abordent dans ces contrées était dominé par la cupidité ; il voulait arriver à de grandes richesses, et la possession de Dominga lui ayant paru un moyen d’y parvenir, il avait spéculé sur la crédule innocence d’une enfant. Il s’était à peine écoulé quelques mois, depuis que cet étranger avait demandé sa main, que, pour une femme veuve, sans nulle qualité, mais beaucoup plus riche que Dominga, il renonça à l’amour vrai de cette enfant, sans montrer le plus léger souci du profond chagrin qu’il allait lui causer en l’abandonnant. Le manque de foi de l’Espagnol blessa cruellement le cœur de Dominga : son mariage projeté avait été annoncé publiquement à toute sa famille, et sa fierté ne put supporter cet outrage. Cette jeune fille se sentait humiliée, et les consolations qu’on cherchait à lui donner ne faisaient qu’irriter