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éprouverait un revers. Il y avait plus d’une heure que la défaite avait eu lieu, l’on s’attendait, à chaque instant, à voir entrer l’ennemi. Cuello arriva mourant ; l’infortuné avait reçu une balle dans le flanc ; son sang coulait depuis trois heures ; on le mena à l’hôpital, et j’allai aider sa sœur à l’y installer le mieux possible.

C’était pitié de voir la cour de cet hôpital ! pas un des couvents d’Aréquipa ne comprend que la religion prêchée par Jésus-Christ consiste à servir son prochain ; ce dévouement à la souffrance, qu’une religion vraie seule inspire, ne se montre nulle part ; il n’existe pas une sœur de charité pour soigner les malades ; ce sont de vieux Indiens qui en sont chargés ; ces hommes vendent leurs soins ; on ne saurait espérer d’eux aucun zèle ; ils font cela comme toute autre chose, cherchant à alléger la tâche, à échapper à la surveillance. Les blessés qu’on transportait à l’hôpital étaient posés à terre, sans nul souci ; ces malheureux, mourant de soif, poussaient de faibles et lamentables cris. L’armée n’avait pas de service de santé organisé, et les médecins de la ville étaient devenus insuffisants pour ce surcroît de besogne. Un très