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entendus alors murmurer dans leur langue ; plusieurs soldats disaient : « Mais on nous a promis le pillage de la ville… » Mes frères, continua le prieur, je vous répète que je suis très inquiet, et je ne vous cacherai pas que votre présence ici redouble mes inquiétudes. On sait bien que vous avez apporté, dans nos couvents, ce que vous avez de plus précieux ; et, nécessairement, si ces soldats pillent, ils viendront dans les églises. A ces mots, tous les assistants jetèrent un cri d’effroi. Le père Diego Cabero, la tête forte de la communauté, homme d’esprit et de talent, mais d’un caractère âpre, hautain et, disait-on, fort méchant, prit la parole pour adresser les plus vifs reproches au pauvre prieur.

— Eh bien ! père prieur, vous convenez donc enfin que j’avais raison, quand je ne cessais de vous répéter, depuis le commencement de ces affaires, que votre trop grande bonté, votre lâche faiblesse attireraient sur notre saint monastère des calamités dont vous seriez responsable devant Dieu ! Malgré mes représentations, vous avez reçu ici les richesses de ce peuple, et votre condescendance sera cause que nous serons tous égorgés.

— Frère Diego, disait le bon prieur, il est