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Personne ne comprit rien à un départ aussi précipité. En vain me représenta-t-on que la route d’Islay était infestée de déserteurs ne vivant que de pillage, en vain m’exagéra-t-on la peinture des périls que j’allais courir, je ne tins compte d’aucun de ces avertissements ; nul danger, à mes yeux, n’égalait celui auquel j’étais exposée en restant à Aréquipa ; pour y échapper, j’eusse traversé tous les déserts de la terre. J’alléguais, pour prétexte, qu’il fallait absolument que je partisse, si je voulais arriver en Europe avant la mauvaise saison ; et, comme au fond, chez mon oncle, on était bien aise de me voir partir, on n’insista pas davantage.

Un Anglais de ma connaissance, M. Valentin Smith, se rendait à Lima ; je lui demandai s’il voulait de moi pour compagne de voyage ; il accepta mon offre ; nous fîmes marché avec un capitaine italien, qui avait son bâtiment à Islay, et il fut arrêté que nous partirions le 25 avril.

Avant mon départ, j’eus à faire la corvée des visites. Selon l’étiquette, j’aurais dû, comme à mon arrivée, aller chez tout le monde ; mais je me bornai aux principales familles avec lesquelles j’étais en bonnes relations, et j’envoyai des cartes aux autres.