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ses conseils peuvent se passer de l’autorité du chef de famille pour être suivis : il préférerait mourir que de voir décliner cette influence dominatrice. Il ne se croit pas vieux ; ses facultés intellectuelles sont entières, et il semble ne vouloir pas envisager la caducité comme devant l’atteindre ; son fils est spirituel, mais ignorant, et rempli de défauts produits par l’absence de toute éducation. Don Pio désire que son fils ait toujours besoin de lui ; qu’à la déférence qu’on doit à un père, il joigne celle dont l’exemple lui est donné par toutes les personnes qui l’entourent. Dans ce but, mon oncle ne veut pas que cet enfant acquière de nouvelles idées et développe son intelligence ; il craindrait que l’éducation européenne n’eût pour résultat d’inspirer à Florentino de la confiance en lui-même ; qu’il ne vînt à dédaigner les conseils et opinions de son père. Mon oncle, ayant d’immenses richesses, de grandes propriétés à laisser à ses enfants, s’imagine que c’est une compensation suffisante pour le défaut d’instruction ; il croit pouvoir, sans compromettre leur existence future, satisfaire cet amour de domination qu’il porte jusque dans son intérieur ; mais les biens de la fortune sont si in-