bizarre de toutes celles que j’ai vues. Lorsque les femmes désirent visiter les couvents de moines ou de nonnes, elles emploient un singulier moyen ; elles se disent enceintes ; les bons pères, professant un saint respect pour les envies des femmes grosses, leur ouvrent alors toutes les portes. Quand nous fûmes à Saint-François, les moines nous plaisantèrent de la manière la plus indécente. Nous montions aux tours ; et, comme je grimpais avec beaucoup de vivacité, le prieur, me voyant mince et agile, me demanda si moi aussi j’étais enceinte. Étourdie par cette question inattendue, je restai tout interdite ; mon embarras provoqua alors, de la part de ces moines, des rires, des propos si inconvenants, que Manuela, qui n’est pas timide, ne savait plus quelle contenance tenir. Je sortis de ce couvent toute scandalisée ; lorsque je m’en plaignis, on me répondit : Oh ! c’est leur habitude ; ces moines sont très gais ; ils passent pour être les plus aimables de tous. Et c’est encore à de pareils hommes que ce peuple accorde sa confiance ! Mais, à Lima, ce qui n’est pas corrompu sort de l’usage.
J’allai aussi visiter un couvent de femmes, celui de l’Incarnation : on ne sent rien de reli-