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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/385

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nité est plus ou moins satisfaite, selon les sommes plus ou moins grandes, ou le prix des objets qu’elles en ont reçus. Lorsqu’on veut donner une idée du violent amour que monsieur tel avait pour madame telle, on n’use jamais que de cette phraséologie : « Il lui donnait de l’or à plein sac ; il lui achetait à prix énorme tout ce qu’il trouvait de plus précieux ; il s’est ruiné entièrement pour elle… » C’est comme si nous disions ; « Il s’est tué pour elle ! » Aussi la femme riche prend-elle toujours l’argent de son amant, quitte à le donner à ses négresses si elle ne peut le dépenser ; c’est pour elle une preuve d’amour, la seule qui puisse la convaincre qu’elle est aimée. La vanité des voyageurs leur a fait déguiser la vérité, et, lorsqu’ils nous ont parlé des femmes de Lima et des bonnes fortunes qu’ils ont eues avec elles, ils ne se sont pas vantés qu’elles leur avaient coûté leur petit trésor, et jusqu’au souvenir donné par une tendre amie à l’heure du départ. Ces mœurs sont bien étranges, mais elles sont vraies. J’ai vu plusieurs dames de la bonne société porter des bagues, des chaînes et des montres d’hommes…