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RICHE OU AIMÉE ?

Mme de Vauteur, voyant son embarras, reprit gaiment :

— Vous nous scandalisez, mon neveu, et pour un peu, je serai obligée de faire murer mes fenêtres de ce côté ; aviez-vous un costume, au moins ?

— Le plus correct du monde, ma tante.

— À la bonne heure.

— On peut se baigner dans votre étang, ma chère ? demanda Mme de Lacourselle.

— Assurément ; il est alimenté par des sources et se jette dans la rivière, aussi l’eau, qui en est constamment renouvelée, est saine et agréable. Si le cœur t’en dit, Gisèle, ajouta moqueusement Mme de Vauteur, avec un maître nageur comme celui-là, fit-elle, désignant André, tu pourras en essayer.

— Je ne demande pas mieux, dit étourdiment la jeune fille, déjà ravie de cette distraction d’un nouveau genre.

Mais sa mère ne l’entendit pas ainsi.

— Je ne donne pas ma permission, dit-elle d’un ton un peu affecté qui semblait lui être accoutumé ; je ne doute pas du talent de M. de Chateaublon en fait de natation ; mais, dans l’eau, je ne confie ma fille à personne.

Et, sans voir qu’André et sa tante se rencontraient dans un sourire commun à cette réponse :

— Vous excuserez, monsieur, fit-elle, en s’adressant jeune homme, les appréhensions, exagérées, peut-être, de la tendresse maternelle.

— Je les respecte, madame, riposta André.

— Allons, fit Mme de Vauteur, console-toi, Gisèle ; si tu n’as pas le droit de te baigner, tu canoteras, j’ai une petite barquette toute neuve et, comme alors, ce sera sur l’eau, et non dans l’eau, ta mère te confiera bien à mon neveu. Nous lui feront jurer, sur l’honneur, avant de partir,, à lui qui est un grand nageur devant l’Éternel, de te repêcher, si votre embarcation coule, et de te ramener saine et sauve. Comme cela, vous consentirez, n’est-ce pas, Mathilde ?

— Assurément, ma chère ; je vous le répète, j'ai toute confiance en M. de Chateaublon, ajou-