IV
Cette occasion de s’éclairer sur leurs intentions réciproques, qu’André et Gisèle cherchaient, sans s’en douter, simultanément, ne se fit point attendre.
Le lendemain matin, l’heure du facteur, si importante à la campagne, réunissait tout le monde au salon, lorsque Mme de Vauteur, qui lisait son courrier, comme toujours fort chargé, eut une exclamation :
— Voilà une nouvelle !
Et se tournant vers sa belle-sœur :
— Figurez-vous, Mathilde, que ma sœur de Chamade m’écrit pour m’annoncer le mariage de sa fille Marcelle.
— Ah ! fit Mme de Lacourselle, tout intéressée ; tu entends, Gisèle, ta cousine Marcelle se marie.
— Avec qui ? répliqua la jeune fille, dont la sympathique curiosité était mise en éveil, se rapprochant de sa tante.
— Avec… avec… je ne lis pas bien, cette chère Cécile écrit si mal ! avec M. d’Ulis, il me semble. Vois un peu, Gisèle, avec tes fins yeux de vingt ans, au bas de cette page.
— D’Ulis, oui, ma tante, c’est bien cela.
— Connaissez-vous ce monsieur, ma chère ? demanda Mme de Lacourselle.
— Nullement, et ce nom pas davantage.
— D’Ulis, fit André, s’avançant à son tour, il y a un officier qui s’appelle ainsi dans mon arme : serait-ce lui ?
— Peut-être, dit Mme de Vauteur, attendez, je n’ai pas fini ma lettre.
Et, ayant repris son face-à-main, l’aimable femme lut à haute voix :
« Marcelle se marie selon son cœur, et nous n’avons pu que ratifier un choix que nous approuvions. La famille de M. d’Ulis habite le Pas-de-